Fort de Villeneuve
Lieu considéré comme mythique, le fort de Villeneuve, construit en 1875, fait partie du patrimoine et de l’histoire de la ville. Depuis 1966, sa fameuse voûte a vu passer près de 100 000 recrues de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.
Le fort est la pierre angulaire du commencement d’esprit de corps qui relie ces hommes au service d’autrui. Cet été, le Groupement de Formation d’Instruction et de Secours quitte le fort. Villeneuve-Saint-Georges est fière d’avoir accueilli, derrière ses remparts, les sapeurs-pompiers de Paris qui incarnent les trois valeurs emblématiques : l’altruisme, l’efficience et la discrétion.
Fort de Villeneuve : 147 ans d'Histoire
1871 : La guerre franco-prussienne
Ernest Meissonier, Le Siège de Paris, huile sur toile, 1870-1884
En 1870, la France de Napoléon III rentrait en guerre contre une coalition d’états dirigée par la Prusse, qui se clôtura par la défaite de la France en 1871 et par la perte de l’Alsace et de la Lorraine.
Après la défaite, l’état-major français chercha à tirer les leçons de ce conflit traumatisant pour la population. L’une d’elles concerne les fortifications de Paris : il faut les élargir. C’est pourquoi l’architecte Viollet le Duc et le Général Séré de Rivières imaginèrent une 2ème ceinture de 18 forts dont fait partie celui de Villeneuve.
Le Général de brigade Raymond Adolphe Séré de Rivières
Portrait du général par A. Lafond, 1882
Officier du Génie, il est considéré comme le « Vauban du XIXème siècle », en référence au constructeur de places fortes sous le règne de Louis XIV. Réputé pour ses stratégies de fortification, la 2ème ceinture de Paris, comportant le fort de Villeneuve, portera son nom.
Sa tombe, située au cimetière du Père Lachaise, porte l’épitaphe « Lapides clamabunt », qui veut dire : « les pierres crieront » (Luc, 19,40).
1939-1945 : Les fusillés du fort
À l’entrée du fort, les visiteurs curieux pourront trouver une plaque commémorative en mémoire des résistants de Villeneuve-Saint-Georges fusillés par les Allemands entre 1939 et 1945.
Les noms de huit Villeneuvois y figurent.
1966 : Le Groupement de Formation d’Instruction et de Secours débarque au fort
Le 6ème groupement de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris a investi les fortifications en 1966. L’objectif de cette structure est de former les cadets des sapeurs-pompiers de Paris aux techniques de leur métier.
1966-1980 : Des travaux pharaoniques
À l’arrivée des pompiers, le fort était une ruine où la nature avait repris ses droits.
Le Maire, Philippe Gaudin, évoque parfois l’époque où, avant leur arrivée, il jouait à l’intérieur de la forteresse avec les autres enfants de Villeneuve.
Les fossés pullulent alors de ronces, les cours sont remplies de boues… Les premiers pompiers à arriver au fort doivent y construire tout le nécessaire pour accueillir les recrues de la Brigade : chaufferies, sanitaires, cuisines, dortoirs… Pour réaliser le pavement, les pompiers récupèreront les pavés de la route nationale 19 à Boissy-Saint-Léger.
2022
Aujourd’hui, les sapeurs-pompiers de Paris quittent progressivement le fort pour s’installer au centre de Limeil-Brévannes.
La vie au Fort : 56 ans de brigade
Entretien avec le lieutenant-colonel Gilbert Antchandiet N’Komah, chef de corps du GFIS.
Depuis quand êtes-vous sapeur-pompier de Paris ?
« Je ne le suis que depuis 2001. En effet, en tant qu’officier, j’ai évolué au sein des régiments du Génie, dont le rôle est d’appuyer l’intervention des armées sur le terrain de multiples façons. Ce n’est qu’après que j’ai intégré la prestigieuse brigade de sapeurs-pompiers de Paris. »
Quelles sont vos responsabilités en tant que chef de corps ?
« Actuellement, je commande 450 femmes et hommes en permanence, qui font partie du socle du centre de formation. Il faut ajouter à cela 400 recrues sans compter les stagiaires. Quand la coupe est pleine, on peut vite monter à 1200 ou 1300 personnes. C’est donc une grande responsabilité que j’ai l’honneur d’assurer. »
Quel est le rôle du groupement de formation ?
« Le Groupement de Formation, d’Instruction et de Secours est le pivot central de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris qui compte six groupements. Les trois premiers sont les groupements incendie qui ont pour objet les interventions dont les franciliens bénéficient au quotidien ; vient ensuite le groupement d’appui, dont les effectifs exercent des spécialités nécessitant des formations particulières (cynotechnique, NRBC-Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique; GRIMP-Groupe d’Intervention en Milieu Périlleux; plongeurs…). Le groupement de soutien a, pour sa part, le rôle d’assurer la logistique de la Brigade et, enfin, le groupement de formation est chargé de l’instruction de tous les sapeurs-pompiers de Paris, afin qu’ils soient suffisamment prêts à intervenir. Notre groupement est donc au centre de la vie de la Brigade. »
Flavien, 36 ans, est originaire de Corrèze. Il fait partie de ceux qui forment les jeunes recrues des sapeurs-pompiers de Paris.
Comment se passe une formation au fort de Villeneuve ?
«Quand un jeune candidat débarque au centre de formation, il est avec nous pendant quatre mois où il apprendra les rudiments théoriques et pratiques nécessaires à l’intégration de la BSPP.
Tous les premiers mardis du mois, une nouvelle section d’environ 45 élèves intègre le centre. En tant que chef de section adjoint, je seconde le chef d’une section dans le but d’accompagner ces jeunes recrues durant tout leur séjour au fort. Nous nous occupons de les encadrer et de leur inculquer les connaissances, les habitudes et la discipline nécessaires.»
Clément, 24 ans. Originaire de Lille, il est en formation au fort depuis 2 mois et demi.
Comment avez-vous été intégré au centre de formation ?
« J’ai d’abord déposé mon dossier dans un CIRFA (centre d’information et de recrutement des forces armées), avant d’être convoqué à Nancy pour des examens. J’ai ensuite effectué des tests complémentaires, puis une évaluation écrite, un entretien, des épreuves sportives, des examens médicaux… et en avril 2022, un an après le dépôt de mon dossier, j’entrais au fort.»
Être pompier, est-ce un rêve de gosse ?
« Totalement ! Quand on regarde des reportages sur les pompiers à 10 ans, ça reste dans un coin de la tête. On se dit d’abord que c’est pour les autres, pas pour nous, mais j’ai fini par me décider. Donc, à 18 ans, je suis entré chez les pompiers volontaires de ma ville pour découvrir le métier. Avec de l’entraînement et beaucoup de motivation, on y arrive, et j’en suis la preuve. »
Lucie, 19 ans, est en fin de formation.
Pourquoi vous êtes-vous engagée ?
« Née dans une famille de militaires, je baignais dans ce milieu depuis ma tendre enfance, et ma vocation m’est donc venue assez naturellement. J’aimais l’armée, mais sauver des gens, c’était aussi très important pour moi.
C’est pourquoi la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris m’est vite apparue comme une évidence absolue. C’était un choix exigeant, mais mon père m’avait toujours poussée à me dépasser, alors j’ai sauté le pas et j’ai choisi de tenter l’aventure. »
Comment avez-vous intégré le fort ?
« Je me suis engagée auprès des «jeunes sapeurs-pompiers» et je suis ensuite devenue sapeur-pompier volontaire avant de m’engager au sein de la BSPP.
Aujourd’hui, je suis en fin de formation. C’est dur, nous ne dormons pas beaucoup entre les réveils matinaux et les soirées d’études, mais je suis motivée, nous le sommes tous. Comme on dit, on dormira quand on sera mort ! »
Publié le 13 juillet 2022