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Interview de Michel Miersman

Le saviez-vous ? Au XIIIe siècle, plus de 134 000 litres de vin blanc étaient produits tous les ans à Villeneuve-Saint-Georges !

Pour en savoir plus, découvrez l’interview de Michel Miersman, spécialiste de l’histoire de la vigne en Île-de France, qui tiendra une conférence le vendredi 2 juin à 15h30 à l'espace André Bouquet.

• Comment en êtes-vous arrivé à devenir un spécialiste de l’histoire des vignes franciliennes ?

En 2002, j’ai créé la Confrérie du Clos-Saint-Vincent de Noisy-le-Grand pour promouvoir le passé vinicole historique de la commune. Passionné d’histoire, j’ai souhaité connaître plus en détail ce patrimoine local. J’ai donc fait des recherches qui m’ont amené à publier un livre, à la suite de quoi je me suis intéressé au vignoble francilien dans son ensemble.

 

• Pourquoi les vignes d’Île-de-France ont-elles si soudainement disparu, alors que le vin demeure un symbole universellement reconnu de notre pays ?

La production du vin en Île-de-France a perduré jusqu’au milieu du XIXe siècle. Vers les années 1860 – 1870, des maladies sont arrivées d’Amérique, notamment l’oïdium et le mildiou. Une maladie en particulier, le phylloxéra, n’a pas pu être traitée : elle attaquait les racines du pied de vigne et s’est répandue partout en France.

D’autre part, le vignoble francilien bénéficiait, jusqu’au XIXe siècle, d’une sorte de monopole grâce à sa proximité avec Paris. Mais en 1851, arrive le premier train Dijon-Paris : il permet de transporter facilement et rapidement le vin de Bourgogne. Les autres régions, notamment le Bordelais, vont suivre. Une telle concurrence, s’ajoutant aux ravages de la maladie, a fini par faire presque totalement disparaître les vignes en Île-de-France.

 

• Quelle place occupait Villeneuve-Saint-Georges au sein du marché francilien viticole ?

Villeneuve-Saint-Georges occupait une place de premier ordre dans la production de vin. Installés en bord de Seine sur des coteaux perchés à 91 m d’altitude et exposés plein sud, les vignerons étaient idéalement placés.

La production de vin y a donc commencé très tôt. L’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à qui le roi de France Childebert 1er avait cédé la possession de la ville en 558, est la première à y développer sérieusement la viticulture. Au cœur du Moyen-Âge, vers 1 200, la surface viticole villeneuvoise atteint déjà 91 hectares. Par la suite, la production locale va quelque peu ralentir, mais reste importante : on compte 30 hectares de vignes à Villeneuve, aux premières heures de la Révolution française. 

 

• Peut-on espérer, un jour, voir renaître un vignoble francilien digne de ce nom en Île-de-France ?

Depuis la fin des années 1990, quelques communes ont replanté des vignes en Île-de-France, afin de renouer avec leurs racines patrimoniales. On en compte une quarantaine aujourd’hui, comme Noisy-le-Grand, Nogent-sur-Marne, Sucy-en-Brie, Combs-la-Ville, Villiers-sur-Marne, Montmartre, Clamart, Yerres…

Ces vignes ont été prises en charge par des associations, pour la plupart des confréries chargées de promouvoir l’histoire de leur commune en produisant un vin local. Elles sont regroupées au sein de COCORICO, le Comité de Coordination des Confréries en Île-de-France.

Depuis trois ans, il est redevenu autorisé de planter des vignes professionnelles dans la Région et un IGP (Indication Géographique Protégée) a été créé. Quelques professionnels se sont ainsi lancés sur des terrains du coté de Chelles, Guérard en Seine-et-Marne et du coté de Versailles.

Enfin, Villeneuve-Saint-Georges a décidé de replanter une vigne patrimoniale et, avec la « Confrérie des Coteaux de Saint-Georges », va contribuer à promouvoir cette histoire du grand vignoble d’Île-de-France.

 

RDV le vendredi 2 juin à 15h30 à l'espace André Bouquet pour découvrir les principales activités viticoles de Villeneuve du IXe au XIXe siècle !

 

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